san salvador ap

Une petite fille vient me voir pour me dire qu’elle aime mes yeux, je suis saisie et touchée par son naturel. Le lendemain, elle demande à Martin de quelle couleur sont les siens…

Nous sommes à San Salvador pour Alliances Polyphoniques, projet unique initié il y a quatre ans par Max Vasseur, alors directeur de l’Alliance Française de San Salvador, et administrateur de Chanson contemporaine. Quelques membres de l’équipe musicale se sont succédé depuis lors, pour diriger deux sessions par an, ainsi que des concerts clôturant l’événement, auquel participent chaque année trois chœurs : un chœur d’adultes ouvert à tous, constitué entre autres d’étudiants de l’Alliance Française, de professeurs du lycée français, ou de Salvadoriens passionnés (ils sont une soixantaine cette année) ; un petit chœur semi-professionnel d’une trentaine de jeunes choristes, et un chœur d’enfants, constitué cette année des classes de CM1, CM2 et 6ème du Lycée Français.

Le concert final aura lieu cette année le 13 juin au Théâtre National de San Salvador, et réunira ces trois chœurs autour de la riche thématique du cycle de la vie, les différents âges et le temps qui passe.

Renaud (Cent ans, C’est quand qu’on va où) y côtoiera Bernard Joyet (On s’ra jamais vieux), Clarika (Lâche-moi) ou Nougaro (Mademoiselle Maman).

Mais pour l’heure, avec Martin Le Ray, délégué par Brice Baillon pour assurer la direction musicale de l’édition, nous faisons répéter chacun des chœurs séparément.

Le répertoire se révèle extrêmement émouvant et fort, entendre des enfants chanter Petit de Bernard Lavilliers pour dénoncer l’horreur de la guerre et le cauchemar des enfants soldats, dans un pays où celle-ci faisait encore rage il y a moins de trente ans est incroyable. Chanter dans la foulée Zaz et son tube Si jamais j’oublie (chanson proposée cette année par l’ensemble de leurs professeurs) est libérateur ! Une telle énergie s’est rarement dégagée d’un chœur, ils sont dans l’ensemble très joueurs, et ouverts à la découverte même s’ils se demandent s’ils auront autant de plaisir à chanter Fils de (Jacques Brel)… tous ces mots compliqués et ces phrases poétiques…  Alors cette année, Martin et moi-même passons dans chaque classe pour des interventions pédagogiques, parler de notre métier, raconter comment le répertoire a été choisi, ou comment on écrit une chanson, même si l’on se retrouve parfois à devoir dire notre âge, ou si on est amoureux ! On apprend à se connaître !

Les rencontres avec les deux chœurs adultes sont incroyables également, les voix sont nouvelles, le son est unique, un accent pour la plupart, combiné à une autre manière de chanter, d’entrevoir le sens des chansons, une autre perception du corps. Le chœur d’adultes s’approprie très vite les chansons avec beaucoup de plaisir, que l’on passe d’un tube brassenssien (Le temps ne fait rien à l’affaire), du plaisir de jouer au con (pendejo, oui j’ai enrichi mon espagnol) à Je reviendrai (Pierre Lapointe), dont ils relèvent les défis rythmiques avec une aisance étonnante.

Le petit chœur semi-professionnel, avec lesquels nous répétons moins, maîtrise pour sa part la lecture des partitions. Nous avançons donc encore autrement avec eux, et il leur est nouveau d’essayer de lâcher la rigueur habituelle (rythmique et vocale) pour chanter plus simplement Le reste du temps de Francis Cabrel, ou jouer comme des enfants sur Garçon manqué (Juliette) !

Sergio Alfaro, directeur culturel de l’Alliance française, ainsi que Stéphane Eyherabide, directeur de l’Alliance française succédant à Max Vasseur, nous offrent un accueil parfait et chaleureux. Le défi de reprendre et de faire perdurer ce projet après le départ de son initiateur n’était pas une mince affaire, et le partenariat avec Chanson Contemporaine se déroule de manière très fluide. On peut noter les excellents relais sur place en la personne, par exemple, de Gilles Faubladier, professeur de CM2 en charge également de la chorale, qui s’occupe de faire répéter les enfants en amont…

Le jour de la Saint-Valentin, fêtée là-bas par tous car elle célèbre également l’amitié, une petite fille vient nous voir après la répétition pour nous offrir à Martin et moi-même un portrait de chacun, la couleur de nos yeux y est parfaite…

Julie Rousseau 

 

Je n'ai pas encore de compte, s'enregistrer

Se connecter à mon compte