L'espace d'un week-end, Vincennes s'est transformée en capitale de la chanson française grâce au 8ème week-end chantant organisé par Tonalités. Pour le plus grand bonheur des 350 heureux participants.
Répertoire :
« Coule » d'Alex Beaupain, harmonisé par Rémy Galichet et dirigé par Julie Rousseau
« Ladilafé » de Tryo, harmonisé par Didier Gendt et dirigé par Marie Belz
« L'opportuniste » de Jacques Dutronc, harmonisé par Martin Le Ray et dirigé par Marie Belz
Il aura fallu toute l'énergie des bénévoles de la chorale Vincennoise « Tonalités » pour faire de ce deuxième rendez-vous chantant de la saison un véritable succès. Leurs six mois de préparation avaient déjà porté leurs fruits avant même les premières notes puisque ce sont 350 passionnés de chant choral qui s'y sont retrouvés pour « partager l'amour de la chanson, faire des rencontres et découvrir les techniques de chefs de chœur chevronnés» comme l'explique Sandra, bénévole. Sandrine Brillante, présidente, ne cache pas sa satisfaction : « On s'était dit, à 300, ce sera super. Ils sont 350...c'est plus que super ! ».
C'est Marie Belz qui ouvre la session avec « L'opportuniste », titre « patrimoine » de la chanson française. Si l'air est connu de tous, le défi consiste à renforcer son côté engagé dans l'interprétation et à faire résonner les consonnes pour en saisir tout le sens. « Pour cette chanson, il faut aller directement dans l'énergie et la puissance » confie-t-elle. Sans trop d'efforts, elle obtient rapidement du chœur l'effet attendu. Il la suit à la trace. « Ils sont super bosseurs, volontaires, attentifs. Certains se mettent même debout d'emblée sans que je leur demande. Ils sont dans la même volonté que moi ».
Julie Rousseau, quant à elle, défend « Coule », titre « scène actuelle » qui revêt un certain paradoxe. S'il est fidèle à l'atmosphère noire prédominante dans le répertoire d'Alex Baupain, la noirceur de son texte tranche cependant avec sa musique légère et enjouée (composée par un certain Julien Clerc, ndlr). « C'est ce qui lui donne du relief. Le texte est dramatique et ironique mais la musique fédératrice et très adaptée au chant choral la rend intéressante. C'est un peu comme dans la vie quand il faut rebondir » avoue-t-elle. Et Julie de déployer ses atouts pour aller chercher chacun des chanteurs dans ses retranchements jusqu'à se prendre au jeu de la chanson et en assimiler la profondeur.
Le troisième titre mis à l'honneur est « Ladilafé », chanson « inter-générationnelle » écrite en hommage à un membre de l'équipe Tryo trop vite disparu. Contre toute attente dans ce genre de chanson hommage, le texte se veut optimiste, plein d'espoir. Marie Belz a su manager ses disciples pour leur insuffler tout le décalage et toute la lumière nécessaires à l'interprétation. « Je veux voir vos sourires dans cette chanson ! ». L'énergie positive dégagée est sans aucun doute due aux sonorités que le chœur y a mis mais aussi à la communion installée entre les chanteurs au travers de chorégraphies « façon «vahiné » improvisées.
A l'issue du premier jour d'atelier, le rendu est déjà plus que prometteur. Dire qu'il reste encore une journée de travail avant la présentation des chansons au public...cela risque fort d'être parfait.
Pour récompenser ces efforts et ce travail d'exception, Tonalités offre le spectacle « Que reste-t-il de nos chansons ? » du quatuor vocal Octopus, dirigé d'ailleurs par Christophe Allègre, le pianiste accompagnateur et troisième acteur de ce week-end chantant. Ses deux collègues Julie et Marie se livrent à leurs confidences sur le spectacle de leur complice qui fait la part belle à huit décennies de chansons françaises en version polyphonique dans une mise en scène colorée : pour Julie, « c'est le spectacle idéal pour un week-end chantant, un vrai voyage dans la chanson française, le patrimoine que l'on défend. C'est une vraie vitrine et tout le monde s'y retrouve. A la fois tendre, drôle et rempli d'émotion, ce spectacle a retracé nos vies ». Marie a elle aussi adoré. « Tout le monde s'est régalé ; les choristes ont chanté avec Octopus. Les harmonisations sont très fines et la qualité des musiciens est là. Tous les styles, toutes les époques de la chanson sont représentées. C'était vraiment beau ». Opinion unanimement partagée en sortie de salle. De quoi faire plaisir à Christophe et ses comparses.
De la chanson patrimoine, de la chanson nouvelle scène, de la chanson inter-générationnelle, de la chanson française dans ce qu'elle a de plus noble en somme : toucher le cœur et faire chanter. En cela, Vincennes méritait bien son titre de capitale de la chanson française !
Reportage de Loïc Deschamps
Reportage photos de Bruno Barral
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