« Qu’est-ce qui te fait courir après un autre toi-même… », « Ils ont quitté leurs terres, leurs champs de fleurs et leurs livres sacrés…», « Moi, je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui… »Ces quelques phrases trottent dans votre mémoire, c’est sûr, mais d’où viennent-elles ? Quelques vers d’un poème sur l’exil appris sur les bancs de l’école, peut-être ? Ou bien cet exercice sur les pronoms personnels que le petit dernier vous a demandé de corriger la semaine dernière ? Non, non : c’est la case « chansons incontournables des années 80 » de votre mémoire qui s’est réveillée ! Et c’est précisément celle que l’équipe musicale a choisi de ranimer dans le cerveau des 310 choristes conviés le week-end du 10 et 11 janvier par l’association Spectacul’art à Montfavet, près d’Avignon, pour la première année en partenariat avec Chanson Contemporaine.

Répertoire :
« Un peu plus près des étoiles », paroles et musique de Garcia et Bilbao, harmonisé par Sylvain Tardy et dirigé par Elodie Grandmaire.
« Juste une illusion » de Jean-Louis Aubert, harmonisé et dirigé par Brice Baillon.
« Je l'aime à mourir » de Francis Cabrel, harmonisé et dirigé par Brice Baillon.

avignon1StephaneAnnée 80, week-end éclectique pour Avignon !
« Qu’est-ce qui te fait courir après un autre toi-même… » interroge rageusement Jean-Louis Aubert dans Juste une illusion, titre enregistré juste après la séparation de Téléphone, en 1987. Et c’est avec ce cri de colère que Brice Baillon, le premier chef de chœur à intervenir, inaugure le week-end, insufflant aux choristes une énergie qui ne les quittera plus. Mais justement, qu’est-ce qui fait courir ces choristes, se lever, se rasseoir, monter, descendre, plier les genoux, écarter les bras, chanter, chanter encore, sans jamais montrer un signe de fatigue? « Moi, explique Muriel, ça fait 3 ans que je chante avec Spectacul’art, la chorale organisatrice du week-end, j’ai attrapé le virus ! On est nombreux à s’être inscrit. Ce n’est pas la première fois qu’on participe à ce type d’événement. C’est différent, et ça crée des liens, comme les concerts. Les chefs de chœur ont une pêche d’enfer, très communicative ». Pour Spectacul’art et pour Chanson Contemporaine, qui parrainait l’événement pour la première fois, le pari est donc réussi : les choristes sont au rendez-vous et ils s’éclatent. 

avignon2stephane

« Ils ont quitté leurs terres, leurs champs de fleurs et leurs livres sacrés…» : voilà une phrase que beaucoup d’entre vous ont chantée à tue-tête dans les soirées où l’on danse. Mais qui se souvient que cette chanson de Gold, Un peu plus près des étoiles, évoque le sort des boat people, embarqués sur des rafiots de fortune dans l’espoir d’une vie meilleure? C’est ce que s’attache à rappeler Elodie Grandmaire, qui prend le relais sur scène pour aborder le deuxième titre du répertoire. Cette fidèle des Ateliers de formation de Chanson Contemporaine intègre officiellement l’équipe des week-ends chantants en se lançant un défi de taille : redonner à un titre de 1985, qu’on pourrait croire usé, sa saveur originelle. Elle y parvient avec délicatesse et pédagogie : « Je croyais connaître cette chanson, mais finalement, pas tant que ça » reconnaît Marie-Paule à l’issue de la première journée de répétition. 

avignon3stephane« Moi je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui… » : est-il seulement nécessaire de rappeler quelle chanson ces quelques mots inaugurent ? Interpréter en chœur ce monument de la chanson française qu’est Je l’aime à mourir n’est pourtant pas aisé : c’est la qualité de l’harmonisation et de la direction qui permet de ne pas sombrer dans le « déjà chanté ». Dans ces deux domaines, Brice Baillon assure, il faut bien le reconnaître ! Le public, venu en nombre assister à l’aubade qui clôt le week-end, semble de cet avis. De quoi redonner un peu de baume au chœur après la semaine particulièrement éprouvante que nous avons tous vécue. Vincent Fuchs, à la tête de l’équipe d’organisation, a d’ailleurs choisi les mots justes en ce jour de marche républicaine, pour l’occasion empruntés à Bernstein : « Ce sera notre réponse à la violence : faire une musique plus belle, plus intensément, avec plus de dévotion que jamais ». Que dire de plus ?

Reportage de Florence Boissier
Reportage photos de Stéphane Synodinos

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