Avec l’hiver et les temps difficiles pour tout le monde, les gens ont besoin de relâcher un peu la pression et de se changer les idées. Un week-end chantant sur l’humour, c’est un bon remède contre la grisaille ! ». Tels sont les mots prononcés par l’une des 420 choristes présents à Vincennes à quelques minutes du lancement de ce 11ème week-end chantant organisé par Tonalités. L’objectif est donc clair pour beaucoup : s’amuser et se déconnecter ! Un enjeu que n’hésitent pas à relever Brice Baillon et Anneline Fontmarty, les chefs de chœur et Christophe Pennel, le pianiste accompagnateur.
Avec un thème comme celui-ci, les possibilités de titres et d’artistes sont nombreuses. « L’humour en chanson est un vaste répertoire, explique Brice Baillon. Beaucoup de chanteurs ou de groupes se sont prêtés au jeu et il y a aussi eu des humoristes qui se sont essayés à cette discipline comme les Inconnus ou les Nuls par exemple ». Le répertoire proposé retrace ainsi un large panel. Avec des artistes comme Les Wriggles ou Oldelaf, on est dans les classiques de la chanson humoristique. Thibaud Defever représente, quant à lui, la nouvelle génération à (re)découvrir alors qu’Adamo propose le tube que l’on n’attendait pas dans un week-end chantant associé à l’humour
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Avec le titre Vous permettez, Monsieur
(paroles et musique : Salvatore Adamo), le chœur reprend un standard de la variété française. Bien qu’Adamo ne représente pas vraiment l’humour à travers ses titres, l’harmonisation à trois voix mixtes de cette chanson, signée Brice Baillon, amène une toute nouvelle dimension et une toute nouvelle ambiance. Les choristes sont tout d’abord invités au grand bal du château avec ses protocoles guindés et ses airs engoncés. Puis trois personnages se détachent du tableau : le papa, la fille et sa prétendante. « L’incarnation de personnage et la caricature permettent de lâcher prise et c’est là que l’humour fait son entrée », explique Brice Baillon. « Grâce à cette harmonisation, on se dégage du titre original et on le désacralise, raconte Christophe Pennel. C’est une vraie redécouverte de ce tube ». Bien que le titre soit sorti il y a 55 ans, cette harmonisation lui redonne une seconde jeunesse. La répartition du texte entre les pupitres de femmes fait écho au « mariage pour tous » et rend la chanson très actuelle.
Danser à deux (paroles : Thibaud Defever, Isabelle Haas et Roger Abaji / musique : Thibaud Defever) permet de rester dans l’univers de la salle de bal mais le titre révèle une toute autre situation. Deux personnages s’opposent entre l’homme et la femme. Le premier préfère danser tout seul, se sentant plus libre de ses mouvements et moins gauche tandis que la seconde reconnait cette liberté mais souligne le bonheur de partager la danse avec quelqu’un. « Le chœur a bien adhéré à ce titre et s’est beaucoup amusé à jouer ces deux personnages, explique Anneline Fontmarty. Malgré la situation humoristique décrite dans cette chanson, tout le monde s’y reconnait ». L’humour du texte est accentué par l’harmonisation de Pierre Marescaux qui renforce cette opposition d’envies et d’idées par des contrechants « na-na » ou « si-si », narguant les arguments de l’autre. « Les deux points de vue s’entendent mais c’est vrai que danser à deux, ça a quand même plus de saveur ! », conclue Anneline Fontmarty.
Changement de décor avec Courseulles sur mer (paroles et musique : Oldelaf) qui nous décrit un week-end cauchemardesque en Normandie. Les couplets s’enchainent entrainant avec eux une multitude de catastrophes, tel l’effet papillon. Pourtant, la chanson ramène à une certaine mélancolie du temps passé avec un être cher. On ressort les vieux albums photos de vacances avec son ex et on se rappelle à quel point c’était bien. « Les choristes ont reçu ce titre en amont du week-end, explique Brice Baillon. Cela a permis à tout le monde de rentrer directement dans le titre et son interprétation et surtout de se faire plaisir dès les premières notes ». Tout au long de la chanson, le héros reste nostalgique et amoureux tandis que sa compagne est de plus en plus excédée par la situation et les bourdes de plus en plus conséquentes. Et étonnement, les pupitres de femmes s’en donnent à cœur joie…
Avec Mes Amis (paroles et musique : Les Wriggles), on cherche avant tout à jouer sur l’effet de surprise. La chanson étant assez courte, la progression des émotions est rapide. On commence par un simple étonnement de revoir un visage familier qui se transforme en un sentiment profond de joie des retrouvailles. « L’important dans ce titre c’est avant tout les intentions que chacun met dans cette chanson », souligne Anneline Fontmarty. Si on veut réussir la chute inattendue, il faut jouer à fond cette carte-là. Au vu de la réaction du public lors de l’aubade, le pari était réussi ! »
Tout au long du week-end, l’équipe d’organisation s’active pour que tout se passe bien ; que l’équipe artistique puisse travailler dans les meilleurs conditions possibles, que les choristes soient bien accueillis et que tout le monde puisse profiter de moment chaleureux et convivial. Ainsi, la thématique de l’humour a, elle aussi, été déclinée autour du bonbon carambar et ses blagues mythiques : des petites sucreries offertes aux choristes à la décoration du lieu de répétition en passant par un petit quatuor déguisé en Carambar humain pour gérer les petites annonces. « Tout le travail effectué en amont et pendant le week-end par l’équipe de Tonalités est vraiment agréable pour nous », félicite Anneline. Et ce n’est pas tout. Une petite nouveauté vient révolutionner l’organisation de ce week-end chantant : la mise en place de deux aubades. « Nous avons fait le choix d’accueillir plus de 400 choristes pour notre week-end, il ne restait plus beaucoup de places dans l’amphithéâtre pour les spectateurs », explique Sandrine, membre de l’équipe d’organisation. Il a donc fallu trouver une solution alternative pour permettre au plus grand nombre d’assister à cette restitution : mettre en place deux temps de représentation. Pour Christophe Pennel, le résultat est à la hauteur des espérances : « Avec ce système, on a certes un peu moins de temps de répétition mais il y a beaucoup moins de frustration des aux revoirs ».
Afin de rester dans le thème de l’humour en chanson, le quatuor vocal déjanté Solemnis vient égayer la soirée des choristes. Les quatre compères, virtuoses de la polyphonie, présentent leur nouvel album qui sortira au printemps pour le plus grand plaisir de tous. Pendant une heure et demie, le public découvre un univers décalé au travers d’un répertoire alliant à la fois titres absurdes et chansons engagées, le tout avec une scénographie simple mais efficace et toujours avec beaucoup de poésie et de drôlerie. « On a passé une excellente soirée avec Solemnis et un super week-end. On vient depuis des années à ce week-end chantant parce qu’à chaque fois, on a la chance d’avoir une équipe artistique très douée et très sympa. On chante pendant plusieurs heures mais on s’amuse et ça fait du bien ! » nous glissent Michèle et Annick à l’issue du week-end.