Comment vit-on de l’intérieur la préparation du grand choral ? Ce journal de bord évoque la semaine des choristes, portés par les chansons de Cabrel, Pellerin et Dylan, aux 31es Nuits de Champagne.
Des mois qu’on préparait ces chants, sous le casque mp3, derrière l’ordi, les partitions en éventail, ou dans la voiture en partant au boulot. Cette fois, ça y est, nous y sommes vraiment. Dimanche 21 octobre, 13 h au gymnase Beurnonville à Troyes, l’atelier choral commence. Que de vibrations, quel plaisir de découvrir la polyphonie à 916... Le grand choral de Bob Dylan, Francis Cabrel et Fred Pellerin s’annonce somptueux.
Autour de moi, très peu de partitions dans les mains. Mes collègues basses connaissent tout par cœur. Ils ont bossé leurs titres comme des malades. La semaine fera donc la part belle aux « intentions », aux nuances. En bons pédagogues, Brice, Maud, Martin, Stéphanie et Julie, les chefs, sauront nous en convaincre, aidés des musiciens, Guillaume et Benjamin. C’est à eux tous qu’incombe la lourde charge d’emmener à bon port cet immense paquebot, porté par « le Souffle des guitares ». En fin de journée, Julio et ses choristes salvadoriens nous offrent un joli voyage musical outre Atlantique.
Lundi matin, sous la conduite d’Alain, le réalisateur artistique du Grand choral, tout le groupe est convié à une séance prise de contact au gymnase Fernand-Ganne. Pour mettre le corps au service de la voix et faire connaissance, d’un sourire, d’un geste, d’un mot ou deux et bien sûr par les chansons. Retour à Beurnonville pour la répétition « ordinaire ». En fin d’après-midi et en soirée, les choristes sont dans la salle de l’Espace Argence pour applaudir les 700 collégiens du Chœur de l’Aube. Un superbe récital sur le répertoire des trois artistes à l’honneur pour ces « Nuits ».
Mardi, il faut enchaîner sur une nouvelle journée de répétition. Partition ou pas, les titres commencent à « rentrer » et les automatismes à se mettre en place. Surtout, rester concentré et en garder sous la pédale. En fin de matinée, le grand chœur livre aux Troyens un happening chantant surprise dans les rues du centre-ville. Mercredi, la voix est fatiguée, la gorge gratte. Sans doute le coup de mou du milieu de semaine. Une fatigue vite oubliée sur des titres si forts en émotions, tels « La corrida », « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai », ou « Petite Marie »... Dans l’après-midi, Francis Cabrel et Fred Pellerin viennent rendre visite aux choristes.
L’un est discret, l’autre volubile. Un moment de partage inédit pour eux car tous deux redécouvrent leurs propres chansons à travers la richesse harmonique produite par les 916 voix.
Jeudi matin, premier filage du spectacle à Beurnonville. Les chefs ont l’air content. L’après-midi, le chœur quitte le gymnase pour son nouveau terrain de jeu, à l’Espace Argence. On procède à l’installation sur les gradins de la scène, rang par rang. Réglage de la balance son. Il faut prendre de nouveaux repères, s’assurer qu’on voit bien le chef... et oublier ses douleurs aux pieds.
Vendredi 26 octobre, ultime répétition en matinée et générale en costumes à 16 h, avec les artistes et le trio musical, composé de Xavier, Philippe et Mickaël. L’excitation monte mais la confiance est là : nous serons beaux et bons. Ces six jours d’atelier choral ont filé à toute allure. Ce fut un vrai bonheur de les vivre. 21 h : le rideau s’ouvre...
Jean-François Vaizand