A l'abri des contreforts du massif des Ecrins et sous la bienveillante silhouette du Pic de Bure, de curieux échos résonnaient, le week-end du 19 et 20 septembre, dans la vallée du haut Drac. Non pas le yodel ancestral du pâtre dans les alpages, ni le sifflement inquiet du chamois à sa harde, mais 170 choristes se frappant les cuisses, galvanisés par la chef de choeur Blandine DEFORGE.
Au Répertoire :
"La complainte du Progrès" de Boris Vian, harmonisé par Guillaume Le Ray
"L'étourderie" de Camille et harmonisé par Christophe Allègre
"L'aventurier" de Indochine et harmonisé par Christophe Allègre
“Kamaté kamaté hou !”, un spectateur non averti pourrait se croire propulsé à la coupe du monde de rugby, face à une équipe des All Blacks sérieusement remontée, mais il ne s’agit que d’une mise en condition et les crampons sont rapidement troqués pour les timbales vocales servant d’introduction à “L’aventurier” du groupe Indochine harmonisé par le talentueux Christophe ALLEGRE. Ce tube des années 80 au rythme entraînant séduit très vite les choristes qui, sur les conseils de la chef de choeur laissent leur nostalgie s’exprimer en dansant bras écartés sur un refrain déjà culte.
C’est sur des accords bien plus doux plaqués par le pianiste accompagnateur Mathieu Poterie que Guillaume LE RAY monte sur la scène. Les choristes amateurs d’innovations vocales reconnaissent immédiatement l’ambiance sensuelle de la jeune chanteuse Camille et son tube “l’étourderie”. A travers son harmonisation, Christophe ALLEGRE tâche de rendre hommage à ce qui fait l’originalité de l’oeuvre : les percussions vocales et un jeu de rythme audacieux, mais c’est une autre paire de manche lorsqu’il s’agit de transmettre cela à 170 choristes le temps d’un week-end ! Qu’à cela ne tienne, Guillaume LE RAY ne se dégonfle pas et donne à chaque pupitre des clés corporelles permettant de synchroniser des voix qui finissent par se compléter à la perfection, en témoigne le frisson qui parcourt l’assemblée !
Vient ensuite une vision beaucoup plus matérialiste de l’amour. Adieu perdrix et autres étourneaux, et bonjour poil à mazout ! Dans “La complainte du progrès” de Boris Vian, Guillaume LE RAY à la fois chef de choeur et harmonisateur tâche de mettre l’accent sur le contraste entre l’énumération mécanique d’un électroménager farfelu et le lyrisme romantique de l’interprétation vocale. Les pupitres d’hommes se prêtent avec plaisir au jeu et ce sont bientôt 70 Don Juan qui murmurent sur un ton sirupeux à l’oreille de nos altis et sopranes “Ah Gudule, viens m’embrasser !”.
Ce week-end organisé avec passion par les bénévoles de l’association Choeur au Sud sera encore émaillé de pépites telles que le concert du samedi soir, rencontre fascinante entre une voix jazzy chaleureuse et un virtuose de l’orgue Hammond balayant un répertoire allant de Nougaro à Nina Simone.
A l’issue du week-end, les choristes sont unanimes : un week-end chantant à Gap, ça décape !
Reportage de Etienne Duranton
Reportage photos de Stéphane Roux