Portrait des trois artistes...
MARC LAVOINE
En 1999 paraît « 7ème Ciel » (1999), pour lequel Jean-Jacques Goldman et Pascal Obispo offrent chacun un titre.
Marc Lavoine entame les années 2000 avec un album sans titre qui contient des duos comme Chère amie avec Françoise Hardy ou J'ai tout oublié avec Cristina Marocco, dont le single remporte un grand succès (600 000 exemplaires vendus). L'album, empreint d'une grande poésie, contient des contributions d'auteurs tels que Jean Fauque (parolier attitré d'Alain Bashung), Jean-Jacques Goldman (alias Jean Kapler) et Jacques Duvall.
Le chanteur enchaîne en 2002 avec une tournée à travers toute la France, qui donnera lieu au double album live « Olympia Deux Mille Trois ». Il poursuit dans le même temps son parcours de comédien, avec notamment « Ma Femme est une actrice » d'Yvan Attal, et bien sûr « Le Cœur des hommes » de Marc Esposito.
Son album « L'Heure d'Été » (2005) ose une mutation vers les boucles électroniques de l'arrangeur Frédéric Lô. Les thématiques se font plus introspectives, avec entre autres un titre écrit par Daniel Darc, Ne m'en veux pas de t'en vouloir.
Très productif, Marc Lavoine privilégie les aventures musicales, ce qui lui permet de réaliser un album entier de duos en 2007.
En 2009,
« Volume 10 », produit par Bertrand Burgalat, comprend encore un duo, avec Valérie Lemercier, et un titre signé Lucien Gainsbourg,
Quand je suis seul. L'album suivant,
« Je Descends du Singe », sorti en 2012, offre une nouvelle série de chansons aussi bien écrites qu'efficaces. Puis vient en 2016 la comédie musicale
« Les Souliers rouges », avec Cœur de Pirate et Arthur H, et en 2018,
« Je reviens à toi », comme une déclaration à son public.Né en banlieue parisienne le 6 août 1962, Marc Lavoine grandit au sein d'une famille mélomane. Un petit boulot d'ouvreur à l'Olympia lui permet, de rencontre en rencontre, d’être envoyé à Lyon par le producteur Fabrice Aboulker pour chanter avec un groupe de rock. L'expérience tourne court et Marc Lavoine remonte vite à Paris pour tenter sa chance comme comédien : il décroche un rôle dans la série
« Pause-Café » (aux côtés de Véronique Jannot) dont le grand succès d'audience lui apporte une soudaine notoriété.
Il reprend alors contact avec Fabrice Aboulker qui lui fait enregistrer un 45-tours :
Je ne sais plus de quoi j'ai l'air sort en 1983. L'année suivante,
Pour une biguine avec toi suscite l'attention du public. Mais c'est avec
Elle a les Yeux revolver que Marc Lavoine rencontre le succès.
En 1985, Fabrice Aboulker produit le premier album - sans nom - de Marc Lavoine : il inclut ses premiers tubes ainsi que
Le Parking des anges, chanson par laquelle le chanteur s'éloigne du registre sentimental pour une tonalité plus sombre. Marc Lavoine enchaîne deux ans plus tard avec un second album –
« Fabriqué », en 1987 - dans lequel se distingue notamment
Qu'est-ce que t'es belle, duo enregistré avec Catherine Ringer.
Le succès de Lavoine, qui entreprend méthodiquement de déconstruire son image de chanteur à minettes, ne se dément pas, et récompense la cohérence d'un artiste plus profond que ses premiers succès n'auraient pu laisser imaginer : « Les Amours du Dimanche », son troisième album, atteint les 300 000 exemplaires vendus. Il contient un nouveau tube, C'est la vie.
Auteur, Marc Lavoine écrit en 1990 un album pour la chanteuse québécoise Martine St-Clair, sans négliger pour autant sa propre production : l'album « Paris » sort l’année suivante, la chanson éponyme devenant un tube. Marc Lavoine entame les années 1990 en multipliant les expériences, jouant notamment dans ses chansons d'un romantisme de plus en plus décalé, comme dans l'album « Faux Rêveur » (1993), produit par Tony Visconti.
Il renoue également avec ses premières amours de comédien en tenant un rôle dans le film L'Enfer (1994), réalisé par Claude Chabrol, prélude à une nouvelle carrière d'acteur qu'il mènera de manière épisodique entre deux aventures musicales. En 1995, Marc Lavoine tente une autre expérience en jouant dans la comédie musicale « Cabaret » montée à Paris par Jérôme Savary.
Discret mais engagé, il édite le journal « Le Papotin », rédigé par des enfants autistes, qui donnera naissance à une association caritative du même nom. Les préoccupations sociétales occupent d’ailleurs tout l'album « Lavoine Matic » (1996), porté par une ode à la pluralité qui fait mouche, C'est ça la France.
LES INNOCENTS
Ils l’avouent maintenant : Jipé Nataf et Jean-Christophe Urbain s’étaient « mis la pression » au moment de relancer sur le marché le nom qui fit leur fortune dans la décennie 1990. Ils songeaient à reformer les Beatles et se retrouvèrent à faire Simon & Garfunkel, en tête-à-tête avec leurs guitares. L’album du retour en 2015, "Mandarine", était mieux qu’honorable. À l’épreuve de la scène pourtant, les nouveaux titres se voyaient bousculés par les solides épaules et les manières franches, intactes avec le temps, des anciens tubes… et quels tubes : Colore, L’Autre Finistère, Un homme extraordinaire, Un monde parfait, Mon dernier soldat, etc. Une fois renouée la complicité, restait à reprendre un pied plus ferme dans une époque qui ne les attendait pas, mais où le simple naturel d’une mélodie limpide, animant des mots bien tournés, suffit à trancher sur l’air ambiant.
C’est chose faite avec "6 ½". Bien que son titre insiste pour le relier à une histoire (sixième album « et demi », en comptant un EP « de Noël »), le deuxième coup des Innocents est comme un nouveau manifeste. Jean-Christophe Urbain a repris plaisir à chanter des compositions nettes qui savent se passer de ronds de jambes. Jipé Nataf a remisé quelques-unes des idées retorses qui faisaient parfois la beauté singulière de ses disques en solo, et se coule dans le même mouvement fluide. « Redevenir comme autrefois plus léger » (dit le single Apache), n’exclut pas les acrobaties lexicales ni la gravité des sentiments évoqués ça et là. Mais les deux garçons n’ont pas renoncé à la candeur, celle que la meilleure pop s’obstine à mettre au jour dans nos vies fêlées.
D’après François Gorin
CAMÉLIA JORDANA
L'une des voix les plus soyeuses de la chanson française a toujours oscillé entre plusieurs registres. On l'a connue fredonnant de son timbre soul Non, non, non (écouter Barbara) ; se réapproprier Chet Baker (The Thrill is Gone), mais aussi chanter, dans la cour des Invalides, à Paris, aux côtés de Yael Naim et de Nolwenn Leroy, à la cérémonie en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.
Pour son troisième album, l'ancienne candidate de Nouvelle Star et actrice - elle a reçu le César du meilleur espoir féminin en 2018 pour Le Brio - se mue en porte-parole d'une génération. Celle qui se sent perdue "géographiquement, sentimentalement, politiquement" dans un monde mouvant et instable, mais qui dit "oui, oui, oui" à la solidarité et à l'ouverture à l'autre, à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux.
Aidée par le compositeur Laurent Bardainne, du groupe électro-rock Poni Hoax, Camélia Jordana a mûri son projet pendant deux ans. Et cela s'entend. Aux contrôles au faciès (Freestyle) et aux bavures policières (Freddie Gray), elle répond en chantant en français, en anglais et en arabe afin d'affirmer son identité multiple.
Pour accompagner le combat des femmes (A girl like me), elle offre une musique sans frontière, aux confins du hip-hop, de l'électro, du trip hop british et même de la musique arabe traditionnelle. Pour faire passer son message, celle qui est née à Toulon, d'une maman chanteuse d'opéra préfère toujours la douceur à l'agressivité, des structures sonores subtiles à des formats calibrés. Assurément, la musique aide Camélia Jordana à trouver son chemin.
Pascale Tournier
Sur la pochette de son album
« Lost », un disque aux airs de manifeste politique d'une génération perdue mais solidaire, primé aux Victoires de la musique 2019, Camélia Jordana, 26 ans, a lâché son épaisse chevelure noire et bouclée. Une manière d'assumer ce qu'elle est désormais.
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